Rentrée !

Comment ça va chez vous ? Ici, (comme partout ailleurs…) rentrée étrange, agitée, et dans l’expectative…
J’ai donné la semaine dernière ma première formation « avec masque » et même si je m’en faisais une montagne en juin, cela n’a finalement posé aucun problème. J’ai porté des modèles papier, que je trouve plus respirants, et ai eu suffisamment d’informations sur l’état d’esprit des participants en croisant leurs regards….

Evidemment, cela reste anecdotique par rapport à tout le reste. Le Covid est toujours là, bien accroché, Marseille est en zone rouge, mes enfants – très respectueux des gestes barrières – paniquent parce qu’au collège le masque continue de se porter prioritairement sous le menton.
Je devais aller à Paris donner une formation en fin de semaine, et mon intervention se fera finalement à distance en raison… d’une grève SNCF !

Suis-je la seule à penser que ce monde marche sur la tête ? Je sais bien que non…

Je vous souhaite bon courage et bonne semaine !

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Travailler autrement : Noëmi Joncour, traductrice freelance expatriée aux Etats-Unis

Il y a 3 ans, Noëmi, son mari et leurs trois enfants ont quitté Marseille pour Charlotte, dans le Sud des États-Unis. Travaillant déjà comme traductrice freelance en France, Noëmi a décidé de poursuivre son activité là-bas.

Depuis combien de temps travaillais-tu en freelance avant ton installation aux États-Unis ?
Nous avons déménagé aux États-Unis en mars 2017, je travaillais en freelance depuis octobre 2012.

Est-ce que cela a été simple/compliqué (administrativement) de transférer ton activité à l’étranger ?
J’ai gardé mon EURL ouverte en France ne sachant pas trop combien de temps nous allions rester expatriés. J’ai ensuite ouvert l’équivalent aux USA et basculé progressivement la grande majorité de mes clients sur l’entité américaine. Je facture toujours certains clients sur mon EURL, car c’est plus facile pour certains et cela me permet de continuer à cotiser à la retraite, à la sécu, etc…

Est-ce que tu as pu tout de suite te remettre à travailler en arrivant sur place ?
Non, j’ai dû ralentir fortement mon activité, car le « culture shock » a été important. Mon mari a commencé son nouveau poste sur les chapeaux de roues et nos 3 enfants n’avaient jamais mis les pieds aux USA, ne parlaient pas un mot d’anglais… leur adaptation scolaire et linguistique était pour moi une priorité.

À Marseille, tu louais un bureau dans un espace de coworking. As-tu pu trouver une structure équivalente à Charlotte ?
Après un an aux USA, j’ai tenté l’aventure dans un coworking mais malheureusement je n’y ai pas retrouvé la convivialité marseillaise. J’y allais pour rencontrer de nouvelles personnes, échanger sur les pratiques de travail, réseauter…. Malheureusement, chacun travaillait dans son coin donc après 3 mois, j’ai compris que cela ne répondrait pas à mes attentes.

As-tu pu conserver tous tes clients ? Comment est-ce que cela s’est passé (distance, décalage horaire…) ?
J’ai conservé tous mes clients. Le décalage horaire n’a pas été un problème. Je commence mes journées tôt pour être sure de pouvoir répondre aux demandes de mes clients en fin de matinée en France. Mes clients savent que je suis aux États-Unis et ne s’attendent pas à ce que je leur réponde à 8h du matin.

Est-ce que tu as pu développer ton business sur place ?
J’ai décroché un nouveau client américain qui est le Lycée Français de New York avec qui je travaille désormais quasi quotidiennement depuis 2 ans, mais pas d’entreprise locale en Caroline du Nord.

Quelles sont les difficultés auxquelles tu as été confrontée dans ton activité au quotidien ? Au contraire, y a-t-il des démarches qui t’ont paru plus simples qu’en France ?
Aucune difficulté au quotidien pour ce qui est de mon activité pure. Installation quasi immédiate d’internet, la création de ma société a pris 10 minutes en ligne et validée en 2h par retour de mail par les autorités compétentes. Pas d’Urssaf, pas de RSI, pas de CIPAV, aucune cotisation obligatoire donc c’est très facile, aucune lourdeur administrative, mais le revers de la médaille est que je ne cotise à rien….

Si tu compares, penses-tu qu’il est plus facile de travailler en freelance en France ou aux États-Unis ?
La mise en route est plus facile aux États-Unis, tu n’as même pas besoin de créer une structure pour commencer à travailler, tu peux faire des missions en freelance avec ton numéro de sécurité sociale. En revanche, c’est un statut encore plus précaire qu’en France puisque si l’on veut cotiser pour la retraite la santé, etc… ce sont des assurances privées.

Tes enfants étaient tout petits à ton arrivée aux États-Unis, est-ce que l’école ou les structures d’accueil t’ont aidée pour avoir des journées de travail « standard » ?
Non, officiellement l’école commence à 5 ans ici donc je me suis retrouvée en arrivant avec 2 enfants non scolarisés. Il y a de nombreuses preschool (sorte de jardin d’enfants de 9h à 13h majoritairement dans les églises) ou des daycares (crèche), mais c’est un budget très important et aucune aide type CAF, allocations familiales pour le financement.
Nous habitons dans le sud des États-Unis, la religion est très présente et beaucoup de femmes ne travaillent pas pour s’occuper de leurs enfants.

Qu’as-tu appris (sur toi-même/sur ton métier) en travaillant « autrement », dans un autre pays, avec d’autres méthodes ?
J’ai réalisé la chance que j’avais d’avoir un métier que je pouvais emmener avec moi au bout du monde. Après le temps d’adaptation, une fois la routine américaine adoptée pour toute la famille, je me suis retrouvée très isolée à travailler seule, dans un environnement où les gens sont chacun chez eux et ne s’ouvrent pas facilement aux autres. Ces moments de solitude m’ont permis de faire une petite introspection et j’en ai aussi profité pour me faire accompagner par une coach pour m’aider à me remotiver et faire un point sur mes choix professionnels et m’aider à avancer.

Vous avez prévu de rentrer en France dans un an. Comment envisages-tu ton retour ?
Professionnellement parlant, cela ne va rien changer ou presque. Il me suffira de communiquer avec mes clients et de fermer la structure américaine. Même si je suis contente de rentrer je sais que je vais avoir du mal à me réhabituer à la culture « pleurnicharde » des Français. Le positivisme américain, même si parfois c’est trop (surtout pour les Français) a le mérite d’être motivant !

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A Marseille, le Printemps s’installe en début d’été !

Quand j’ai vu passer sur Twitter un extrait du journal de France 2 démontrant qu’il y avait eu fraude aux procurations avant le premier tour des municipales à Marseille, je me suis dit que ce n’était plus possible. Des candidats LR avaient mis en place un système de « procurations simplifiées » et avaient même réussi à obtenir 51 procurations de personnes vivant dans un EHPAD, certaines d’entre elles étant atteintes de la maladie d’Alzheimer… Depuis la fin du confinement, la campagne pour le second tour des municipales devenait folle : on a vu de fausses affiches de Michèle Rubirola, présentée avec Mélenchon, placardées sur les murs de la ville, annonçant l’ouverture de salles de shoot dans tous les quartiers, l’arrivée massive de migrants et la bétonisation des quartiers sud pour y faire construire des HLM, puis les annonces de la bouche de Martine Vassal (candidate LR) de l’arrivée un jour des « blacks blocks », le lendemain des « chars russes », ou encore des « révolutionnaires cubains ou vénézuéliens ».  On en était au delà du supportable !

En août, cela va faire 7 ans que nous avons emménagé ici, initialement pour 3 ans. Quand lors d’un week-end « découverte », quelques semaines avant le déménagement, nous avons posé nos valises sur le Vieux Port, j’ai pensé que ce devait être agréable de vivre ici. Et ça l’est, encore plus que je ne l’avais imaginé. Parfois, entre « néo-Marseillais », on se dit qu’il faut laisser déblatérer les médias : le trafic, les fusillades, la saleté, l’insécurité… Nous, on voit le soleil toute l’année, la mer qui brille, les collines qui nous entourent, les cigales et les gabians… Les sorties en mer, au printemps et à l’automne, avant que les touristes arrivent, ou quand ils sont partis. On passe la journée sur les îles du Frioul, à vingt minutes de bateau. De la plage, on voit la ville au loin, et on croit pourtant qu’on est en vacances au bout du monde.

Mais bien sûr, je vous parle de la Marseille de ceux qui ont les moyens financiers d’en voir les atouts. Dans certains quartiers, les gens vivent assis sur les trottoirs et leur dénuement saute aux yeux. La Belle de Mai, dont le nom me faisait rêver quand j’étais enfant, n’a rien d’un paradis, c’est même l’un des quartiers les plus pauvres d’Europe. C’est tout près de chez moi, et j’y passe tous les jours ou presque. Ce n’est pas un endroit « qui fait peur » comme certains le disent même à Marseille. C’est juste qu’ici, d’une rue à l’autre, on ne vit pas dans la même réalité… D’un côté on a faim, de l’autre on gaspille. Et bien sûr, si l’entraide est réelle, car depuis longtemps les collectifs citoyens se bougent, on ne peut rien faire d’efficace à long terme si les initiatives sont contrariées par une mairie décidée à « chasser les pauvres ».

Car il y avait notre maire, depuis 25 ans, et sa cour, qui non contents de vider les caisses de la ville, ont laissé se délabrer des quartiers entiers. Dans le centre-ville, huit morts sous les gravats d’un immeuble qui s’est effondré sur ses habitants le 5 novembre 2018. Certaines écoles sont également dans un état tel qu’elles menacent de s’écrouler à leur tour… Bien sûr j’ai participé aux manifestations, j’ai signé des pétitions. Rien ne se passait. Si, un accord à 1 milliard d’euros, pour la rénovation des écoles uniquement par des grands groupes du BTP,  a été dénoncé et annulé.

Une amie m’a parlé très tôt de Mad Mars, un mouvement citoyen, né de l’initiative d’Olivia Fortin il y a bientôt deux ans, qui voulait « changer les choses ». J’ai adhéré mais je n’y croyais plus, je ne suis pas allée aux réunions.
De Mad Mars a émergé le Printemps Marseillais, constitué de toutes les sensibilités de gauche, d’écologistes, et de 50 % de citoyens, et une candidate, Michèle Rubirola, 63 ans, écolo, médecin dans les quartiers nord de la ville.

Je suis allée avec mon mari à la permanence du Printemps deux semaines avant le second tour. Nous y avons rencontré des gens qui y croyaient et qui nous ont donné envie d’y croire. On a tracté sur les marchés, à la sortie des métros. J’ai été déléguée dans un bureau de vote lors du second tour, mon mari y était assesseur. Et le soir du 28 juin, le Printemps Marseillais est arrivé premier avec 13 000 voix d’avance, mais la candidate de la droite a proclamé, toujours du même ton crâne qu’elle n’avait « pas perdu » puis dans la semaine elle a annoncé qu’elle se retirait au profit du plus âgé de sa liste, « RN compatible » de 76 ans qui, en cas d’égalité lors du 3e tour, gagnerait au bénéfice de l’âge.
Comment est-ce possible de se moquer des électeurs de cette façon, de démontrer en permanence que sa seule ambition est de garder le pouvoir ? La loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) organise le vote par secteurs : on élit donc des conseillers qui choisissent le maire lors d’un troisième tour. Les secteurs n’ayant pas tous le même « poids » en conseillers, les 13 000 voix d’avance ne fournissaient au Printemps Marseillais que 3 conseillers supplémentaires (42 vs 39, il en fallait 51 pour avoir la majorité absolue).

Une nouvelle pétition est apparue sur Change.org, un rendez-vous a été fixé devant la salle du conseil municipal qui allait élire le maire samedi à 8h. A 9h, nous avons accueilli Michèle Rubirola et ses colistiers sous les vivats, et la plupart des autres élus ont préféré passer par une autre entrée.
Le conseil municipal a commencé peu après 9h30. Les infos filtraient rapidement à l’extérieur, via les journalistes qui faisaient des allers-retours et les réseaux sociaux. Nous avons appris tout de suite que le RN se retirait du vote. Il devenait donc évident que le ralliement de Samia Ghalli (candidate de gauche qui avait annoncé la veille qu’elle ne rejoindrait le Printemps Marseillais qu’à la condition d’être première adjointe, proposition refusée par le Printemps qui ne voulait pas céder au chantage) à l’une ou l’autre partie la rendrait majoritaire. Mais Samia Ghalli avait finalement décidé elle aussi de se présenter au poste de maire. Aucune majorité n’a donc émergé du premier tour.

Quand nous avons appris que ce vote était suivi d’une suspension de séance, nous avons rejoint notre amie Claire et ses amis dans un café pour attendre. Parmi nous, Anne était très confiante. Elle avait fait partie des tout premiers adhérents à Mad Mars. « On a déjà réussi l’impossible plusieurs fois, alors cette fois encore, on va gagner« . Je ne partageais pas du tout son optimisme. Quand la suspension de séance a été prolongée par une pause déjeuner, nous avons nous aussi pris place à la terrasse d’un restaurant, le plus proche de l’entrée du conseil, pour ne rien rater, au cas où. Depuis le matin, tout le monde chantait (« laissons, laissons, entrer le soleil » – chanson préférée de Michèle Rubirola et tellement en lien avec ce que nous attendions, ou « on a voté, on veut les clés !« , « Michèle, Marseille, sont des noms qui vont si bien ensemble« , « Nous sommes tous des enfants de Marseille« , et un groupe de jeunes filles autoproclamées pompom girls ont lancé dans l’après-midi un « pool party chez Samia Ghalli » qui a même fait rire les CRS qui nous surveillaient depuis le matin).

Au retour du déjeuner, Samia Ghalli est venue sous les sifflets annoncer qu’elle se retirait de la course et donnait ses voix à Michèle Rubirola. Les cris se sont transformés en « Samia, avec nous ! » et nous avons alors attendu le second vote et son dépouillement pour avoir confirmation que la maire que nous avions choisie était enfin officiellement élue. Elle est sortie avec son équipe et je crois que le moment était aussi magique pour la foule rassemblée derrière les barrières que pour les nouveaux élus. Je n’aime pas la foule en général (premier jour des soldes, au secours !), mais j’adore l’énergie des foules qui manifestent. Etre ensemble pour revendiquer, ça galvanise. La plupart du temps, on défile, puis on rentre chez soi, espérant qu’il se passe quelque chose. Là, on a manifesté et on a gagné le jour même ! Juste quelques heures et une victoire. C’était extraordinaire. Extraordinaire aussi parce que justice était en partie rendue (comment aurait-il été possible, au nom des morts de la rue d’Aubagne, de laisser au pouvoir une équipe qui jamais n’a montré la moindre compassion ?) et que l’espoir était enfin là. Combien de fois nous sommes-nous dit « cette ville a tellement d’atouts, mais…« . Combien de fois avons-nous entendu « Ah, vous habitez Marseille, ce n’est pas trop dur ? » suivi, au choix, d’un sourire compatissant ou d’un rictus condescendant…

J’ai vu passer sur Facebook au soir du second tour un post d’une femme qui disait « merci aux Parisiens (si on n’est pas né à Marseille, on est définitivement « Parisien ») de ne pas s’être résignés« . Elle précisait qu’il y avait à Marseille « 1/3 de clientélistes, 1/3 d’abstentionnistes (60 % en réalité) et un tiers de « Parisiens » qui ont refusé le système, ont voté, se sont mobilisés ». Je ne sais pas s’il s’agissait de « Parisiens », mais ceux qui ont dit non au système étaient encore là samedi, foule joyeuse et bigarrée, des jeunes, des vieux, des familles, des habitants de tous les quartiers…

A la sortie du conseil municipal, j’ai dit à Olivia Fortin qui s’est arrêtée devant nous qu’avant j’habitais Marseille, et que désormais je serai fière d’être marseillaise, et elle m’a répondu, dans un grand sourire sincère « c’est ce qu’on souhaite pour tous les Marseillais« .
La route est encore très longue évidemment, mais nous serons nombreux à faire le chemin en compagnie du Printemps Marseillais pour que cette ville si belle, qui a tellement d’atouts, soit enfin réunifiée, qu’on arrête de distinguer Nord/Sud, riches/pauvres… Des écoles rénovées, des crèches dans tous les quartiers, des logements décents pour tous, ce sont les premiers axes du programme.
Et ensuite ? Rassurer les investisseurs, donner envie aux entrepreneurs de s’installer, permettre aux familles d’emménager, assurer aux chômeurs de trouver du travail, proposer à ceux qui ont trop chaud de s’asseoir à l’ombre d’un arbre (il y a du béton partout !!!)  ? J’y crois !

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Communication politique : tous les coups sont permis ?

Je ne me suis jamais autant intéressée à la communication politique locale que pour le deuxième tour de ces municipales. Tout le monde sait que Marseille n’est pas un laboratoire de bonnes pratiques, mais chaque jour, depuis deux semaines, apporte cependant son lot de « nouvelles » qui me laissent ébahie… Fausses affiches, faux site, discours délirants, propagande, diffamation… Une petite sélection concernant uniquement ces deux dernières semaines (j’en oublie plein, j’aurais dû tenir un journal de bord quotidien pour pouvoir être exhaustive !) :

En bonus, quelques infos « non datées » : le slogan de la candidate est le même que celui de François Fillon pour l’élection de 2017 (Une volonté pour la France / Une volonté pour Marseille), sa porte-parole aussi (Valérie Boyer, c’est sans doute un hasard ;-)). Les tracts (vrais et faux), distribués par milliers d’exemplaires, ne contiennent pas toutes les mentions légales (l’imprimeur n’a pas envie de se faire connaître ?!). Un faux site sur la candidate de l’opposition a été enregistré… au nom de l’association que la soutient… Que se passera-t-il d’ici le 28 juin ?

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Retrouver un rythme

Pendant le confinement, j’ai eu le sentiment de vivre comme en vacances, c’est-à-dire sans obligation horaire. La principale « contrainte » étant les cours Zoom des enfants, nous calions le réveil tôt si un cours commençait à 8h. En fait, c’était seulement une fois par semaine. Ensuite, les journées étaient occupées, en vrac, par de la lecture, des reportages regardés sur l’ordi (la télé ne fonctionne plus depuis Noël, elle ne nous manque pas), du jardinage… Et la préparation des repas, à heures pas vraiment fixes. Une forme de liberté que j’aime beaucoup.

J’imaginais le dé-confinement comme la reprise d’un rythme familier que j’aime bien également. Réveil à 6h45 du lundi au samedi. Petit-déjeuner, discussions, on prend le temps. Passage dans la salle de bains, puis départ des enfants pour l’école avec leur père, en voiture, vers 7h45. Pendant une demi-heure, je « patrouille » dans la maison. J’ouvre toutes les fenêtres. Je débarrasse la table, fais la vaisselle, range la cuisine. Ensuite, je passe dans le salon : je remets les coussins dans l’ordre sur le canapé, ramasse un livre qui traîne, remets de l’ordre dans la pile de magazines qui dégringole. Je monte, fais le tour des chambres. Fais les lits, trouve des chaussettes qui traînent… Un jour sur deux je lance une machine. A 8h15, j’ai fini. Enfin, j’arrête. La maison est à peu près en ordre, mon cerveau aussi ;-). Je m’installe à mon bureau, allume mon ordi. Je lis les newsletters du jour, tweete ce qui m’intéresse. Jette un coup d’œil à Facebook, parfois à Instagram. A 9h, je lis ma to do list du jour. Et j’attaque le boulot. Que ce soit une journée « facturée » ou pas, le matin, je travaille. A midi, une ou deux fois par semaine, je suis à l’extérieur, pour un déjeuner ou un atelier, une conférence… L’après-midi, si j’ai du travail, je m’en occupe, sinon, je lis, je fais des recherches sur Internet… A 16h45, les enfants reviennent du collège. Je m’installe avec eux à la table du goûter, on parle de nos journées. Pendant qu’ils font leurs devoirs, je m’installe à nouveau devant mon ordinateur. Mes journées « en temps normal » sont donc sensiblement toujours les mêmes.

La rupture de ce rythme pendant très longtemps – parce que le dé-confinement n’a pas signifié reprise des cours avec l’agenda habituel – fait que je n’arrive plus à mettre de l’ordre dans mes journées. Rien de grave, je ne suis pas en retard sur quoi que ce soit, mais je suis désarçonnée d’être dans une sorte « d’entre-deux » inconnu et donc, pour moi, inconfortable. Et ce qui approche, ce sont les vacances scolaires, donc liberté pour les enfants, mais pas pour les parents, au moins au mois de juillet, donc encore des journées à inventer, où il faudra improviser.
Si je retrouve un rythme, ce ne sera pas avant la rentrée.

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Vie privée / vie professionnelle : on parle de quoi sur un blog pro ?

Bah, de vie professionnelle, la réponse est dans la question, me direz-vous :-). Et en effet, je n’ai jamais raconté mes vacances sur ce blog (encore que… à vérifier, cet article étant le 700e, je ne me souviens pas de tout, je dois bien l’avouer !) et j’ai toujours eu bien en tête la séparation entre « je raconte ma vie » et « je raconte ma vie pro ». Jusqu’à ce week-end. Hé oui, ce week-end, j’ai franchi la ligne…

Comme vous l’avez peut-être remarqué (sauf si vous êtes abonné) il y a une fenêtre Twitter sur le côté de la page. Je tweete quasiment tous les jours (depuis quelque temps, car j’ai une relation assez irrégulière à Twitter, comme à tous les médias sociaux !) et c’est toujours autour de sujets com’. Je me contente généralement de relayer les articles intéressants repérés lors de ma veille matinale.

Mais ce week-end, il y a eu à Marseille un événement politique bien particulier : une fraude aux procurations (« si les faits sont avérés« , comme l’a souligné la candidate concernée qui a bien répété sa « totale transparence » vis-à-vis… des policiers qui ont perquisitionné sa permanence samedi). J’ai suivi tout cela en direct sur Twitter et ai été effarée. Evidemment, j’ai tout de suite eu envie de retweeter, commenter, mais je me suis dit que cela arriverait directement ici, n’avait aucun lien avec mes sujets habituels et donc aucun intérêt pour ceux qui lisent ce blog. Je n’ai pas tenu longtemps. J’ai commencé dès samedi soir à partager ce que je voyais passer. Les tweets des comptes parodiques, les tweets de ceux qui analysent et apportent un point de vue complémentaire à celui de la presse, les tweets « comme les miens », de citoyens outrés par ce qui se passe.

Mes messages ne sont pas un appel au vote « pour » ou « contre », ils n’engagent évidemment que moi, d’autant que mon blog n’est pas estampillé « marseillais ». Mais en tweetant, j’ai aussi remarqué le silence de personnes que je connais ici : les militants d’associations « sponsorisées » par la municipalité actuelle, habituellement actifs sur Twitter, peut-être contraints et forcés à se taire, les salariés qui « pensent que », « ont une petite idée », mais ne finissent pas leurs phrases sur Facebook… On n’ose pas, on a peur d’être fiché, critiqué, alors qu’il s’agit là « seulement » de s’opposer à des pratiques illégales.

C’est aussi un exercice intéressant d’observer la communication de cette candidate : elle a d’abord affirmé vendredi que le reportage de France 2 et l’article de Marianne qui l’accusent sont ceux de « journalistes parisiens, ici à Marseille on s’en fiche » (???), puis elle s’est filmée samedi devant une poubelle brûlée sur une place de la ville après la manifestation anti-raciste de samedi, précisant que « c’est l’ultragauche qui arrive qui détruit tout » (que fait son parti, actuellement responsable de la sécurité des citoyens ?!) et lundi, lors d’une interview de BFMTV, n’a tenu aucun compte des questions des journalistes. Elle a récité un discours sans queue ni tête pendant que les journalistes posaient leurs questions dans le vide, puis terminé, enchantée et reprenant sa respiration, par « Marseille a besoin d’un patron, pas d’un pantin« . Euh ? J’aimerais bien en savoir plus sur son agence de communication et leur manière de travailler ensemble ;-).

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Première formation donnée en ligne !

Ca y est, j’ai donné ma première formation en ligne ! Je réclamais depuis longtemps à l’organisme pour lequel je travaille régulièrement depuis des années de pouvoir être formée à le faire, mais ce qui n’était auparavant pas une priorité l’est devenu avec le confinement.
Fin mars, j’ai suivi une formation express (en ligne pour le faire en ligne, donc !) pour comprendre essentiellement la dimension technique des outils (très simple en fait, les outils sont bien conçus !). J’ai ensuite retravaillé mes supports de mon côté, de manière à les rendre « plus digestes » pour une présentation sur écran d’ordinateur. En fait, j’ai ajouté pas mal de visuels et tenté de mieux rythmer l’alternance cours/exercices pour ménager des « pauses » aux participants.
Une session prévue courant avril ayant été reportée, je n’ai donc pu animer ma première session que la semaine dernière.

Si les participants sont motivés, tout va bien !

J’ai adoré donner cette formation. J’avais un groupe de quatre personnes, vraiment top, très impliquées et motivées. Ils ont tous expérimenté le télétravail pendant la crise du Covid (ils étaient d’ailleurs encore tous en télétravail à temps plein ou partiel et étaient connectés de chez eux pendant ces trois jours) et étaient donc parfaitement familiarisés avec l’outil, ce qui m’a certainement rendu la tâche plus facile. J’ai été étonnée de la connivence qui peut se créer à travers un écran, et de la facilité à repérer dans un regard, une moue, celui qui n’a pas compris ou n’est pas d’accord, les hochements de tête et les sourires d’acquiescement… Franchement, je m’inquiétais un peu, pensais que cela allait être long et très fatigant pour tous, et finalement ces trois jours sont passés à la vitesse de l’éclair !

Nécessité d’adapter les supports et les exercices

J’ai quand même noté, comme à chaque fois, des points d’amélioration : il faut que je prépare plus d’exercices (il n’y en a jamais trop !), de manière à parfois proposer des exercices différents en fonction des niveaux/centres d’intérêt de chacun. J’y pense aussi pour le présentiel, mais ce n’est pas si simple à mettre en oeuvre. J’ai aussi le défaut de vouloir « tout dire » sur un sujet, ce qui n’est pas possible dans les temps impartis (il faudrait une formation d’un an ;-))… Autour de moi, d’autres formateurs font le choix d’aborder uniquement les points qui leur semblent essentiels, et proposent des exercices sur la moitié du temps. Bon, les participants leur reprochent parfois de ne pas avoir traité ou approfondi les sujets qui les intéressaient… Que faire alors ? Poser la question en début de session ? Si la moitié veut « tout voir » et assister à une sorte de cours magistral et l’autre aborder l’essentiel et parfaire ses apprentissages via des exercices en autonomie, je ferai comment pour arbitrer ? C’est au formateur de trancher, et c’est un sujet qui nécessite encore de la réflexion de mon côté !

Les points à retenir

Les points forts d’une formation en ligne selon moi : c’est plus facile à caser dans l’emploi du temps d’un salarié, ne nécessite pas de déplacement ni de gestion de toutes sortes de contraintes logistiques. On peut même imaginer de donner une formation prévue sur deux jours par séquences de deux heures réparties sur plusieurs semaines, voire mois. Bref, c’est très facilement adaptable selon les priorités des participants.
Les points faibles (exprimés lors de cette session par deux participantes) : on ne se rencontre pas « en vrai », et on n’a pas le sentiment de couper avec le quotidien de son travail (voire de « partir à l’aventure », comme lorsque la formation a lieu dans une autre ville, que l’on va découvrir le soir, après les heures de formation).
Pour ma part, j’ai eu le sentiment de nouer le même type de relations qu’avec les autres stagiaires que j’ai formés : on n’a pas eu les échanges un peu personnels que l’on peut avoir lors des pauses et des déjeuners partagés, mais en étant chacun chez soi, l’une avec un chaton en goguette dans la pièce, l’autre dont le petit garçon est passé quelquefois faire un coucou, on a créé une proximité différente et appris à se connaître !

La formation en ligne ne correspond certainement pas aux besoins de tout le monde, mais la formation en présentiel ne permet pas non plus de répondre aux contraintes de chacun, c’est donc une option essentielle à proposer de mon point de vue. Je serai en tout cas ravie de réitérer l’expérience.
N’hésitez pas à me contacter pour toute question à ce sujet (y compris si vous êtes formateur, c’est toujours intéressant de partager nos expériences !).

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2 Commentaires

Revue de presse : 5-12 juin 2020

Quoi de neuf cette semaine ? Le podcast, incontournable, depuis quelques années, devrait s’imposer dans la communication des marques, puisque selon un onadage repris par la Nouvelle République, la très grande majorité des auditeurs l’estiment adapté pour cela. La volonté de légiférer (et de générer encore de la paperasse ?!) cible d’ores et déjà le télétravail selon BFM TV. L’ADN et Webmarketing&Com’ proposent leurs recettes anti-crise, pendant que Maddyness se penche sur la formation continue des salariés.
Bonne lecture !

  1. La Nouvelle République – Podcast : 89 % des auditeurs pensent que ce moyen de communication est adapté aux marques 
  2. BFM TV – Les salariés ont pris goût au télétravail mais comment mieux l’encadrer ?
  3. L’ADN – Sortir de la crise : trois principes pour vous réinventer efficacement 
  4.  Webmarketing & com’ – Adapter sa stratégie éditoriale en temps de crise
  5. Maddyness : La montée en compétence des salarié.e.s, un travail d’équipe ?

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Travailler autrement : Laurence Perchet, formatrice en communication globale et droit de la communication

 

Je connais Laurence « virtuellement » depuis que je travaille en freelance. Elle aussi faisait partie de la bande des lecteurs/commentateurs du Blog du Freelance. C’est elle qui a le plus souvent commenté mes articles ici, et je l’en remercie !
Comme moi, Laurence a déménagé, de Lille à Tours. C’était il y a 8 ans et elle aussi a expérimenté les déconvenues liées à la découverte de pratiques et d’habitudes totalement différentes de celles qu’elle connaissait. Si aujourd’hui elle reconnaît avoir gagné en qualité de vie (elle habite une maison avec un grand jardin, peut limiter l’usage de sa voiture et donc l’attente dans les bouchons…), elle a traversé nombre de difficultés qu’elle n’avait pas du tout imaginées avant de changer de région.

Tu t’es « réinventée » professionnellement plusieurs fois, peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je n’ai pas vraiment pratiqué le métier pour lequel je me suis formée, juriste en droit des affaires, mais qui m’a beaucoup aidé aussi bien dans la vie personnelle que professionnelle. J’ai commencé par une activité commerciale dans une entreprise de vente de crédit à distance, puis postulé à la communication corporate. A 26 ans, je bifurquais déjà. C’était en 1992. Communicant corporate c’était un métier récent à l’époque, et j’ai connu la fin de l’ère de l’analogique avec le passage au numérique. Les journées de montage de films en régie étaient facturés 10 000 francs (nouveaux) ! On imagine mal facturer 10 000 euros la journée de montage aujourd’hui ! J’ai forgé le poste que j’occupais à ma personnalité en mettant au service de la communication interne tous les supports, par curiosité aussi, le print, la PAO, la formation multimédia, l’événementiel sportif ou corporate, l’Intranet, une révolution en 1997, le web… on était très avancé à l’époque ! J’avais un carnet de partenaires freelance : dessinateur, photographe, caméraman, preneur de son, réalisateur… Je les suivais sur les tournages des événements ou en régie. J’ai énormément appris. Il y avait même un ban de dérushage BETACAM SP dans mon bureau, que je pilotais avec un Mac de récupération et un logiciel en anglais ! Ensuite, j’ai eu envie de voir autre chose. Je me suis lancée comme consultante freelance. Sincèrement, au démarrage, c’était dur ! Passer d’un environnement de travail de 1500 personnes sur 3 sites avec des collègues qui te connaissaient bien à… une personne, soi-même, dans un salon-salle à manger de 20M2, c’est violent, il faut être motivé. J’ai connu des heures un peu sombres, des portes qui se ferment, des secrétaires qui t’envoient bouler au téléphone quand tu proposes un rendez-vous commercial. Ceci étant, le monde de la communication comme partout est petit. Des anciens partenaires de mission m’ont aidée, filé leur carnet adresses, parfois même sous-traité des missions. J’avais la réputation, justifiée d’ailleurs, d’aimer mon métier et d’être bosseuse, à l’époque… J’avais toujours eu un bon contact avec les partenaires de travail, surtout dans l’événementiel, le film, les gens sont très souples, disponibles, bosseurs, souvent de bonne humeur. Il y avait une forme de solidarité. Je n’ai jamais retrouvé cela par la suite. J’ai décroché en 2003 trois gros clients, dans des domaines complètement différents, qui m’ont permis enfin d’avoir un fond de roulement stable et de gagner ma vie. J’ai eu de belles missions mais j’ai dû faire une croix sur l’événementiel. Ca n’a pas été facile. Certains clients mettaient à disposition un bureau pour m’avoir sous la main. Je donnais aussi des cours en formation initiale, à la Fac, dans les écoles de communication, de commerce, en formation continue. J’essayais de transmettre tout ce que je savais. C’était pour faire bouillir la marmite mais au final, j’adorais ! Très enrichissant. Quand j’ai décidé de changer de région, en 2010, pour voir autre chose, je me suis dit que j’allais continuer à faire ce métier de communicante ailleurs, tout simplement…

Pensais-tu que « être freelance en Touraine » serait exactement la même chose que « être freelance à Lille » ?

Sur le principe, oui, mais c’était une erreur de raisonnement. J’ai approché le marché de la communication en Touraine exactement comme dans le Nord. J’ai démarché, book sous le bras, les quelques grosses agences de communication, les sites délocalisés de grandes entreprises qui, d’ailleurs, sont dépendants de Paris pour leur budget et actions. Ce qui n’a rien donné évidemment… On ne me connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, même si j’avais des références à l’époque qui tenaient la route. Et j’avais rarement en face de moi un décideur avec l’intention de me confier une mission test, pour voir. Ce que j’avais beaucoup pratiqué dans le Nord, mais qui est surtout réservé aux grands groupes. La Touraine c’est une terre d’histoire, qui a accueilli les Valois, les Bourbons, laissant une empreinte majeure avec les châteaux royaux pour résidence mais aussi fiefs politiques. Et puis il y a la Loire, ce fleuve majestueux, aménagé depuis plusieurs années par la communauté urbaine pour y accueillir une activité touristique toujours plus intense. Ici, on est dans un temps calme, il y a une forme d’inertie autour du passé. C’est ce qui m’avait motivée pour venir m’installer dans la région. Et c’est ce qui m’a le plus frappée en arrivant, d’autant que j’étais passée un peu par Paris avant de poser mes valises… Si on compare au Nord, Lille Métropole c’est 1,1 million d’habitants, la 4ème agglomération après Paris, Lyon et Marseille. C’est une ancienne région industrielle, défigurée, encore qu’aujourd’hui les choses ont évolué, avec un esprit entrepreneurial très développé, qui a opéré une véritable reconversion économique, après l’effondrement du textile dans les années 80, dans les services, la grande distribution (pensons à la famille Mulliez et l’enseigne Auchan, Décathlon, Norauto, Leroy Merlin, Boulanger, Kiabi pour ne citer que celles-ci…), la vente à distance et… le numérique ! Le savoir faire en e-commerce a démarré dans le Nord, adaptation oblige, pour vendre à distance via le web et non plus par catalogue papier ! Dans l’imaginaire, la Touraine c’est Balzac, dont les habitants ici sont très fiers, avec ses chaleurs étouffantes l’été, ses grosses bâtisses aux pierres blanches de tuffeau, les roses trémières qui poussent le long des portails… Donc les mentalités sont forcément différentes.

Quels freins (ou barrières) as-tu rencontrés ?

Les freins étaient quand même importants : le fait d’être freelance, donc un individu isolé,  sans légitimité locale en fait ; mon âge, 47 ans. Et oui, dans la quarantaine avancée, même avec une bonne expérience, les entreprises ne se bousculent pas vraiment pas pour te recevoir ! C’est typique du mal du marché de l’emploi en France… Enfin, la culture freelance, c’est un état d’esprit, on est entrepreneur ! Beaucoup de personnes ne le perçoivent pas ainsi. J’avoue que si au départ, reconstruire un réseau ne me faisait pas peur, au bout de quelques mois, je me suis rendue compte que je tournais en rond. J’avais fait une étude de marché. Beaucoup d’auto-entrepreneurs ou de TPE dans la communication sur deux créneaux : le graphisme et le web. Les tarifs pratiqués étaient misérables. Ca casse le marché. Pas de vraie offre corporate, en relations presse par exemple, les prestations haut de gamme sous-traitées à Paris ! Je me suis démenée, peut-être pas forcément toujours dans le bon sens. Globalement, j’ai fait de belles rencontres, mais pas de missions sérieuses à la clef de toute cette énergie focalisée sur mon objectif !

Penses-tu que les choses auraient pu se passer autrement (réseaux locaux efficaces par exemple) ?

En fait, le réseau personnel est très long à construire. Des amis formateurs indépendants depuis de nombreuses années ont vécu la même chose. Je ne sais pas très sincèrement s’il existe des réseaux locaux efficaces pour les indépendants. Un peu plus aujourd’hui qu’il y a 9 ans car je croise des connaissances sur Facebook par exemple, qui participent à des nouveaux groupes d’entrepreneurs. Mais j’avoue personnellement avoir passé mon chemin avec mon investissement actuel dans la formation. Surtout, quand on creuse, on se rend compte que les indépendants qui s’en sortent bien ont des clients en dehors de la région, et plutôt à Paris, parce qu’ils avaient un point d’attache dans la capitale avant de débarquer en Touraine.

Qu’est-ce que tu apprécies le plus, dans ta nouvelle façon de pratiquer ton métier ?

Et bien j’ai gardé au fond une certaine liberté dans l’organisation de mon travail à la maison, puisque je continue de construire les modules de cours à mon rythme. J’avoue que c’est une partie du travail qui me plaît bien. Je retrouve un peu cette liberté de créativité que j’avais, quand je travaillais sur des dossiers clients. Je regrette toutefois deux choses : que certains étudiants ne soient pas plus curieux intellectuellement et que les modules de cours soient trop courts ! 20 heures pour expliquer le droit du e-commerce à des Master 2 ou 20 heures pour donner un cours de communication globale à des 3ème année en Bachelor, c’est peu… La formation aussi rogne sur le temps d’apprentissage. C’est frustrant. J’aimerais bien refaire de la formation continue en rédaction, mais ici, c’est compliqué. Enfin, avec l’épidémie de Covid-19, les choses ont basculé ! Les enseignements se sont faits sur des plateformes numériques. J’en ai utilisé 3 ou 4 différentes : Teams, Zoom, Blackboard, Livestorm… Il a fallu s’adapter. Pour certains profs, cela a été très dur. Comme j’avais suivi pas mal de Moocs ces trois dernières années, sincèrement, ça m’a aidé ! Il est difficile de dire si cette façon d’enseigner va se généraliser, mais je ne l’espère pas trop quand même. La rencontre humaine reste capitale dans la formation.

Quel est ton bilan 8 ans plus tard ?

J’ai balancé sur un pied, sur l’autre, pendant trois ans, cela m’a ralentie. Deux ans de cours d’anglais pour me remettre à niveau dans l’enseigne Wall Street Institute de Tours, pour avoir une chance supplémentaire dans la recherche d’emploi. L’ambiance était vraiment géniale avec des formateurs de tous horizons : américains, anglais, australiens ! Il n’y avait pas de représentation en local de l’association Communication et Entreprise, ex-UJJEF. J’ai lancé ma candidature pour créer une antenne à Tours, j’ai fait un flop ! Le Club de la presse était au point mort. J’ai su plus tard qu’il devait se restructurer. Pas non plus de visibilité donc de ce côté là. J’ai intégré pendant deux ans une association d’aide au retour à l’emploi des cadres. J’étais quand même un OVNI parmi les adhérents, des salariés cadres au chômage. Mais j’ai trouvé une famille, mis au point des actions de com’ pour se faire connaître, repris le site web, noué des amitiés. Toutefois, tout ceci n’a débouché sur rien de concret. Enfin, une dernière expérience de communicante a consisté à écrire pour la rubrique Patrimoine d’un magazine gratuit lifestyle de la métropole, et là, j’ai enfin croisé des communicants de métier ! Les responsables de communication ou attachés de presse des sites touristiques des châteaux de la Loire ! Malheureusement, le magazine était mal géré, le repreneur du support a fermé boutique. C’était vraiment dommage parce que je parcourais les sites de Touraine avec leur histoire pour écrire. Seule la formation a montré une petite ouverture dans toutes mes démarches ! Surtout, on m’appelait en me disant : « on a votre CV, on a besoin de vous !  » On n’imagine pas à quel point cela fait du bien d’entendre ça !

Aujourd’hui je donne des cours, mais je suis aussi tutrice de mémoire. Très honnêtement, cette mission me passionne ! Je suis de nouveau plongée dans l’univers de la communication le temps du coaching étudiant ! J’ai noué de bonnes relations avec certains directeurs d’établissements, des clients donc, je retrouve avec ces personnes le plaisir d’échanger professionnellement. Etre sur la même longueur d’onde dans le travail que l’autre, s’entraider, partager des projets, quel plaisir ! C’est plus rare aujourd’hui. En fait, je travaillais avec des personnes expansives, aussi bien côté clients que communicants partenaires dans le Nord, j’avoue que cela me manque…

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui changerait de région aujourd’hui ?

J’ai envie de dire, à la lumière de ce que j’ai vécu : tout dépend de ton statut ! Une mutation salariale, c’est plus facile. Mais la préparation en amont reste capitale. Freelance, il faut rester adaptable, être à l’écoute, proposer des solutions aux clients de la région, l’étudier, regarder le tissu économique, les besoins. Abandonner ses anciens réflexes. Se dire qu’on peut même changer de métier s’il le faut, en exercer deux pourquoi pas. Réorienter son offre, se former, et ne pas se mettre de barrière. Avec le temps, par exemple, j’ai monté des cours de droit de la communication, Internet, e-commerce, chose que je ne faisais pas dans le Nord, et je constate bien que peu de profs interviennent dans ce domaine. Il faut avoir le raisonnement juridique ET la connaissance du milieu du web par exemple. On n’est pas marié avec un métier pour la vie, ça c’est terminé. Monter un nouveau réseau, trouver des clients, c’est un travail de longue haleine. Il faut un bon mental, être soutenu, je pense que c’est capital…

Pour en savoir plus sur Laurence, vous pouvez consulter son blog.

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Formation : ce que l’on apprend en regardant faire les autres

J’ai longtemps travaillé mes sujets de formation en me projetant vers « l’idéal selon moi-même »… qui n’est certainement pas celui des autres, je m’en doute bien ;-). De manière générale, je travaille beaucoup et longtemps sur le support, malaxant le sujet sous tous les angles possibles (tout du moins ceux que j’identifie !) afin de m’assurer que j’aurai répondu à toutes les attentes (et de cette façon que les participants aient le sentiment d’en avoir pour leur argent !). Toujours mon bon vieux syndrome de l’imposteur…
En assistant à des formations données par d’autres, et en échangeant librement avec les participants de ces formations, j’ai appris pas mal de choses qui m’ont aidée à améliorer les miennes (enfin je crois !). Un échantillon des formations qui m’ont marquée/appris :

  • 1. C’était une formation sur un thème « développement personnel » donnée bénévolement sur une demi-journée au sein d’une association par une femme (qui avait elle aussi visiblement beaucoup travaillé son support !). Quand elle est entrée dans la pièce, nous étions déjà plusieurs à l’attendre. Jetant un coup d’œil à la liste des participants, elle a dit « oh, vous êtes trop nombreux, je n’aurai pas le temps de tout vous montrer« . Après le premier exercice, que nous avons tous trouvé intéressant, elle a dit « bon, on ira plus vite sur les autres, sinon, je n’aurai pas le temps« . Elle a survolé les exercices suivants, s’assurant de terminer dans les temps la partie théorique. Résultat : frustration d’une partie de l’assemblée, plusieurs personnes ont dit « dommage que… » vite coupées par la formatrice « oui, j’ai su en vous voyant si nombreux que je n’aurais pas le temps pour les exercices« .
    Autre point que j’ai trouvé un peu étrange : la formatrice a précisé « je vous enverrai le support uniquement si vous me le demandez« , et elle l’a répété. Elle juge probablement de notre intérêt ou pas concernant sa formation en fonction du nombre de mails de demande reçus ensuite ? Il se trouve que j'(avais tout juste fini de lire Mari Kondo et) avais bien pris conscience du fait qu’une formation a de la valeur au moment où on la suit. Jamais je n’ai rouvert de support ensuite… Donc je ne l’ai pas contactée pour le lui demander (mais aujourd’hui je me dis que j’aurais dû lui envoyer un message d’explication, parce que c’était vraiment quelqu’un de super investi, elle a dû être déçue par notre attitude).
  • 2. Cette autre formation, sur un thème « communication professionnelle » cette fois, avait lieu sur le créneau du déjeuner. Elle a été illustrée quasiment uniquement par des exemples issus de la vie privée de l’oratrice. Et en fait, j’ai trouvé que c’était plutôt bien amené et intéressant. Or, j’y suis allée accompagnée de deux amis, une femme et un homme, qui ont tous les deux trouvé ça insupportable « elle manquait tellement d’exemples qu’il fallait qu’elle nous cite les pensées de son chat, c’était désespérant ! » Probablement, réflexion faite, ça m’a plu parce que c’était vraiment à l’opposé de ce que j’ai l’habitude de proposer. La formatrice débordait de confiance en soi. Et je crois que cela m’impressionne toujours. J’ai finalement décidé de ne jamais m’en inspirer ;-).
  • 3. Cette fois-là – c’était un autre sujet autour du développement personnel – la formatrice a évoqué son parcours, le bien et le moins bien, avec beaucoup d’honnêteté et d’énergie, et toujours le sourire aux lèvres. Elle a fait beaucoup de digressions, à chaque fois pour répondre précisément aux questions des participants. Du coup, je me suis fait une longue to-do list de livres à lire et de vidéos à regarder… Cette personne était une publicité vivante pour son propos, c’était parfait !
  • 4. Et la dernière (c’est marrant, je ne cite que des rencontres/formations animées par des femmes…), intervenait au sein d’un bureau de coworking (j’ai remarqué ensuite que ce bureau recherche en permanence des intervenants, pour faire venir du monde, ce qui générera des inscriptions de nouveaux coworkers) sur un thème comme « développer son chiffre d’affaires » si je me souviens bien. Bref, cette fois, c’était mauvaise pioche, car l’intervenante était aussi intéressée qu’eux par le développement de son business. Arrivée avec une demi-heure en retard (pour une intervention de deux heures…), elle ne s’est absolument pas excusée, mais en entrant a jeté un coup d’œil circulaire à la salle assorti d’un long soupir. Visiblement, notre assemblée hétéroclite ne correspondait pas à ses attentes. Il y avait pas mal de juniors (chercheurs d’emploi, freelances débutants…) et l’intervenante a décidé de proposer à chacun…. de se présenter (nous étions 30 !). Le troisième ou quatrième était comique tellement il était prétentieux. Il avait tellement « tout-vu-tout-fait » et l’a expliqué tellement longuement que l’on pouvait se demander ce qu’il faisait là. Elle l’a saluée d’un « mais c’est génial, c’est parfait ! J’espère que vous avez tous écouté parce que Machin a vraiment la recette magique« . Evidemment, on arrivait à la moitié du temps imparti à la session, donc la formatrice a décidé que c’était le moment d’accélérer, et donc, de zapper les 25 autres présentations ! Ce que n’a pas aimé une participante un peu « senior » qui a dit « OK, très bien, ce que fait Machin est génial, mais pas du tout adapté à mon business !« . Elle a expliqué brièvement (elle était artiste et cherchait une façon de communiquer autrement que sur le format et le prix de ses œuvres) et elle a eu le droit à la réponse expéditive « Ah ben ça, les goûts et les couleurs, c’est pas du tout mon créneau« . Bref, le suite de la présentation a été faite pour Machin, les yeux dans les yeux, et quand il a été question de récupérer les cartes de visite, bizarrement, on a constaté que seul Machin avait pensé à prendre la sienne…-> Ce que j’ai retenu ? On ne peut pas plaire à tout le monde, c’est certain, mais on peut faire en sorte, avec un minimum de cadre, d’apprendre des choses à chacun. Et pour cela, le B.A-BA (je passe sur la ponctualité, qui ne doit même pas être discutée !), c’est d’être à l’écoute, de bonne humeur, d’être honnête, humble, et de savoir s’adapter en permanence aux attentes de son public.
    D’autres points de vues de formateurs ou de conférenciers pour m’aider à progresser ? 😉

 

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