Quand je serai grand, je serai communicant !

Ce billet s’adresse particulièrement aux consultants spécialistes des bilans de compétences. Je suis fatiguée d’entendre tous ces gens qui sortent de mois de bilan avec comme diagnostic « je suis fait pour être communicant » (=la consultante m’a trouvé très bavard ?) ou seconde option « faut que je devienne coach » (=j’ai des expériences professionnelles variées et le sens de l’écoute !).

Bon, évidemment, moi, j’ai plus souvent affaire aux potentiels communicants, qui viennent ensuite me demander mon avis, de professionnelle, of course.

Hé ben vous savez quoi ? Je réponds systématiquement « Ah bon, et pourquoi pas chauffeur-routier, coiffeuse, ou ingénieur en informatique ? ». La réponse est toujours la même « ben t’es folle, pour ça, il faut une formation ! »

Evidemment, j’oubliais que pour être communicant, il faut juste un tempérament… Les compétences viennent ensuite, sur le tas. Si on a pu trouver un poste en adéquation avec ces potentielles compétences, bien sûr…  Car il n’a jamais été question, lors de ce bilan, de cibler un poste disponible sur le marché du travail !

,

  1. #1 par Laurence Perchet le 8 septembre 2011 - 08:50

    Hello Isabelle,
    Je suis assez d’accord avec toi. Je vais même aller plus loin que toi, je ne sais pas si les bilans de compétence servent réellement à quelque chose… Personnellement, j’ai envisagé d’en faire un avec l’Apec. Résultat : 3000 euros que je devais débourser de ma poche (c’est bien payé le métier de consultant en bilan de compétence), sans aucune possibilité de prise en charge quelconque, même modique (bienvenue au club des chefs d’entreprise), avec un premier rendez-vous dit « prise de contact » où on commence par me dire « je n’ai rien à dire sur votre CV ou presque, il est pas trop mal fait, et vous, manifestement, vous êtes douée pour la communication ». Ah bon, sans blague ? Moi je venais pour savoir si je pouvais faire AUTRE CHOSE que de la communication !

    J’aime

  2. #2 par Anais le 8 septembre 2011 - 09:27

    Bonjour Isabelle,
    Bien d’accord. Pendant mes études, parmi les étudiants, il en avait qui étaient là suite à un bilan de compétence. Et pourquoi la com ? Parce que leurs bilans avaient mis en évidence qu’ils savaient « communiquer avec un public »…
    D’un côté tu as effectivement les spécialistes des bilans de compétences qui ignorent les caractéristiques du métier et par-dessus ça, tu rajoutes une tendance générale depuis quelques années qui pousse le grand public a pensé que tout le monde peut faire de la com !
    Dernières expériences chez les clients :
    – un journaliste ? mais ma secrétaire sait écrire, tout le monde sait écrire…
    – un maquettiste ? mais j’ai un logiciel de traitement de texte, ou sur mon temps libre je fait du scrapbooking (celle-là je l’avoue ce fut une grande première pour moi) …
    – un photographe ? mais je possède un appareil photo numérique…
    – un professionnel de la création numérique ? mais j’ai Photoshop Elements…
    Alors avant d’envoyer tout le monde vers la communication, Mesdames et Messieurs les consultants en bilan de compétence, venez faire un stage par chez nous 😉
    Bonne journée

    J’aime

    • #3 par Isabelle Prigent le 11 septembre 2011 - 21:03

      J’adore la spécialiste de scrapbooking !!! Grandiose celle-là ! Tu as réussi à ne pas éclater de rire ?
      J’ai rencontré une fois un prospect qui m’avait contactée pour parler de « communication », mais une fois sur place, j’ai compris que sa problématique concernait exclusivement la création d’un logo. Je lui ai expliqué mon incompétence en la matière, mais il a quand même tenu à me montrer les essais… faits par sa femme à l’aquarelle ! (« quel talent, n’est-ce pas ? »).

      J’aime

  3. #4 par Julie - My Little Office le 8 septembre 2011 - 10:12

    Bonjour,
    Encore considérée comme jeune diplômée et après plusieurs expériences moyennement à mon goût, j’ai demandé à effectuer un bilan de compétences. Ça ne m’a rien apporté de concret et, effectivement, on a tenté de m’orienter vers la com (tu as lu mon cv madame ou pas ? parce que j’en sors de la com !!). Quelques années plus tard, bilan obligatoire, j’y suis allée en traînant les pieds pour un résultat identique !!
    Je regrette vraiment ces deux bilans qui ne m’ont pas apporté de réponses concrètes à une question à la base plutôt simple…

    J’aime

    • #5 par Isabelle Prigent le 11 septembre 2011 - 20:58

      Hé ben… La première fois tu pouvais encore penser que la consultante était mauvaise, mais la deuxième…
      J’ai pour ma part fait un bilan d’orientation, à l’APEC, 8h par jour pendant une semaine, en groupe de 6, avec une consultante APEC. J’ai trouvé ça très bien, cela m’a permis de me conforter dans mon choix professionnel – oui, la com’, c’est mon truc, mais c’était mon environnement professionnel de l’époque qui m’épuisait – et m’a appris (même si cette idée avait déjà germé) que j’étais faite pour l’indépendance. J’ai sauté le pas un an plus tard. Et je recommande chaleureusement les bilans d’orientation de l’APEC !

      J’aime

  4. #6 par Thierry Goemans (@Adjuvamus) le 8 septembre 2011 - 11:44

    Argh … Indignes-toi encore, comme-ça, c’est ce que je préfère lire. Je viens de lire ton post à la freelance communicante de mon client du jour, ça nous a bien fait rire.

    PS : Dis à ceux qui te questionnent sur leur orientation professionnelle d’offrir des prestations administratives et comptables, on peut s’en sortir très bien en se formant sur le tas. D’ailleurs, il y a quelques années, avant de choisir cette voie, j’ai fait un bilan de compétences…

    J’aime

    • #7 par Isabelle Prigent le 11 septembre 2011 - 20:50

      @ Anna et Thierry : euh, tant mieux si ça vous fait rire, mais je vais quand même éviter de râler tous les matins… J’ai dit il y a très peu de temps que j’utiliserais désormais mon énergie de façon positive, souvenez-vous 😉
      Je prends note de ta suggestion Thierry, dès que je croise de nouveaux aspirants communicants, je leur suggère de se lancer dans les prestations administratives et comptables !

      J’aime

  5. #8 par anna le 8 septembre 2011 - 15:36

    Merci pour l’éclat de rire Isabelle, comme Thierry j’aime bien quand tu t’indignes !
    Et j’aimerais ajouter une troisième catégorie c’est consultant. Chaque fois que quelqu’un me dit consultant, sans rien ajouter en quoi, ça me fait friser l’oreille. Des avis sur la question ?

    J’aime

  6. #9 par Pascale Varenne le 11 septembre 2011 - 13:59

    hé bien je dirais que c’est comme les gens qui mettent « Directeur » ou « Manager » sur leurs documents, comme si cela pouvait renseigner sur leur métier. Idem pour consultant (@anna).

    Maintenant, je suis d’accord avec l’article, communicant, c’est un peu comme graphiste, ce sont des métiers que l’on considère à tort comme « fourre-tout » au motif que :
    – soit on a un bon contact et l’élocution facile
    – soit on a un plume un peu plus agile que la moyenne
    – soit on dessinait très bien les Mickey quand on était petit (sic)

    De même qu’il est très difficile de s’imposer comme professionnel lorsque, avec les outils modernes, « tout le monde » peut faire la même chose que nous (rédaction, photo, communication…)

    La bonne nouvelle : ça ne tient pas sur le long terme… Voilà qui est plutôt encourageant.

    J’aime

    • #10 par Isabelle Prigent le 11 septembre 2011 - 20:44

      Bienvenue Pascale !
      Nous sommes d’accord, ça ne tient pas sur le long terme… mais si ça pouvait d’emblée être évité, ce serait mieux…

      J’aime

  7. #11 par SEMO le 16 septembre 2011 - 16:14

    Quand vous rencontrez un consultant qui vous dit « vous êtes fait pour ceci ou cela » ou « je vous vois bien dans…. », c’est que vous êtes tombé sur un amateur.
    Le travail du consultant en bilan de compétences est de vous aider à cheminer dans votre reflexion pour vous permettre de définir un objectif personnel et professionnel en tenant compte à la fois de vos valeurs, vos potentialités, vos aspirations, vos expériences, vos compétences, en relation au marché du travail, (le « monde réel ») et à la faisabilité des choses et non de lire des prophéties sur sa boule de cristal en flattant votre égo…
    Une fois votre (vos) objectif(s) par vous défini(s) (à l’aide de ses outils et de sa médiation), il doit pouvoir vous aider alors à baliser votre chemin, vous conseiller sur la formation ad hoc,….
    Donner un avis personnel ? pourquoi pas, mais en précisant que ce n’est que votre avis et que vous n’êtes pas tenu d’en tenir compte. Expert de sa méthode, oui… mais pas visionnaire par nature de votre avenir.

    J’aime

    • #12 par Isabelle Prigent le 20 septembre 2011 - 20:34

      Merci Semo pour cette réponse parfaitement argumentée. Effectivement, ce que vous donnez comme exemple du travail du consultant en bilan de compétences correspond à ce que recherchent les candidats à l’exercice. Et pourtant, à l’arrivée, beaucoup sont déçus… parce que le travail est bâclé. Et je pourrais donner pour cela plein d’exemples (encore un, très récent d’un ami renvoyé par Pôle Emploi à un cabinet privé, qui a tourné les talons après s’être entendu dire « votre CV est très bien… Vous êtes jeune… Euh ? Il n’y a pas d’offres dans votre secteur ? »).

      J’aime

Répondre à Anais Annuler la réponse.