Auto-entrepreneurs, des pigeons à plumer ?

« J’ai eu vos coordonnées par un annuaire d’auto-entrepreneurs, je souhaiterais vous rencontrer« .

Il y a un an, cette phrase d’introduction était très positive. Aujourd’hui, non. Il y a un an, un journaliste du Time me contactait avec cette phrase. La semaine dernière, c’était une agence, bien décidée à travailler avec « les free les moins chers du monde ». Une fois encore, on m’a proposé des tarifs incroyablement bas, et j’ai bien vu sur la page du cahier de la dame (rencontrée le lendemain de l’appel) que d’autres avant moi avaient accepté . J’ai dit non, calmement, en expliquant que je ne pouvais pas m’aligner sur ce tarif. Et là, j’ai eu le droit à un étonné « mais vous êtes bien auto-entrepreneur? »…  Je ne sais pas pourquoi dans l’esprit (obtus) de certaines personnes, les auto-entrepreneurs sont quasi des bénévoles !

De retour chez moi, j’ai décidé de supprimer mon nom de tous les annuaires d’auto-entrepreneurs. Et puis non. Mais je l’ai quand même enlevé de certains, ceux qui effectivement laissent supposer que nous sommes « de la main d’oeuvre à bon marché ». J’ai remarqué au passage que certains sites n’offrent pas l’option « désinscription »…

Il y a peu, je disais « je resterai auto-entrepreneur le plus longtemps possible, en passant en portage les grosses missions« .
Aujourd’hui, je doute. Pas parce que le statut ne me convient pas, mais parce que certains de mes interlocuteurs pensent que cela les autorise à me payer moins cher !

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  1. #1 par Julie le 8 juin 2010 - 08:18

    Je suis complètement d’accord avec toi, j’ai eu aussi ces réactions et c’est en partie pour ça que j’ai changé de statut : être prise au sérieux. Depuis le début de cette année, nous n’avons plus de reportages sur les AE qui réussissent mais sur ceux qui se font avoir…donc moins de crédibilité pour tous les autres.
    A bientôt

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  2. #2 par Raphaël Y. le 8 juin 2010 - 08:38

    Après le stagiaire, l’auto-entrepreneur !

    Cela dénote surtout un mépris pour le travail des autres, voir son propre travail.

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  3. #3 par Lauraniechoco le 8 juin 2010 - 09:22

    J’ai l’impression que ce phénomène ne concerne pas uniquement les autoentrepreneurs, mais tous les indépendants, quel que soit leur statut.

    Raphaël a raison en parlant de mépris du travail, mais je crois que les clients ne sont pas les seuls fautifs.

    En France, l’argent est un sujet tabou, par conséquent, lorsqu’un salarié demande une augmentation, il se sent presque coupable et obligé de se justifier.

    C’est un peu la même chose en tant qu’indépendant. On a du mal à se sentir légitime au simple fait d’annoncer nos tarifs. Alors que (tout simplement) tout travail mérite salaire.

    Donc, à nous aussi d’être plus sûr de nous lorsqu’il s’agit de défendre nos marges (je dis ça comme si j’étais une pro mais j’en suis encore au stade de l’apprentissage dans ce domaine 😉

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  4. #4 par Babeliane le 8 juin 2010 - 11:12

    Je pense que ce statut doit permettre à l’auto-entrepreneur non pas de casser les prix, mais d’être moins écrasé sous les charges, et donc de mieux se rémunérer. Certains auto-entrepreneurs ne l’ont pas compris et cassent totalement les prix du marché, par exemple dans la conception web, domaine dans lequel mon compagnon travaille en EURL.
    Je compte m’installer en tant qu’auto-entrepreneur dans la traduction, mais je compte bien pratiquer les tarifs du marché, et pas plus bas : hors de question de me brader !

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  5. #5 par Thierry le 8 juin 2010 - 11:45

    J’ai personnellement quelques réserves par rapport au statut auto-entrepreneur. Mais alors vraiment, pourquoi le statut fiscal d’un prestataire devrait-il entrer en ligne de compte pour juger du prix ou de la qualité du travail ? Ce n’est pas parce que l’auto-entrepreneuriat est un micro-statut que les prestations des auto-entrepreneurs sont moins professionnelles que d’autres.
    Gardez tous les prix du marché !!

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  6. #6 par laurenceperchet le 8 juin 2010 - 13:14

    Isabelle,
    le problème que tu soulèves est propre à TOUS les indépendants ! Qu’ils soient en libéral, entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée ou en AE.
    Nous sommes UN, donc dans l’esprit du public, nous n’avons pas de charges et donc nous pouvons travailler pour l’euro symbolique !

    Ce raisonnement m’avait sidérée quand j’ai commencé à travailler en indépendant en 2000. Mais j’avoue qu’avec l’AE, le phénomène est poussé à son paroxisme.
    Le statut de travailleur indépendant (quelle que soit sa forme) est peut être en train de mourir en raison de la vision économique irresponsable qu’il suscite.

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  7. #7 par isabelleprigent le 8 juin 2010 - 20:59

    @Julie : Je ne savais pas que tu avais changé de statut ! Et qu’as-tu choisi ?
    @Raphael : oui, il faudrait lancer un débat national sur la « valeur travail »… si tant est qu’elle existe encore dans l’esprit des gens…
    @Lauranie : j’ai retenu une chose bien basique « l’argent qui n’est pas dans ma poche est dans celle de mon voisin »… Alors je ne brade pas mes tarifs pour que mes clients s’enrichissent à mes dépends 😉 Cela dit, je partage ton point de vue sur « l’argent est un tabou » en France
    @Babeliane : Bienvenue ici ! D’accord à 100 % ! D’ailleurs, comme je le dis souvent, les auto-entrepreneurs qui cassent les prix ne pourront pas durer. Quand ils changeront de statut et seront taxés à 50 % comment justifieront-ils la soudaine augmentation de leurs tarifs à leurs clients ?
    @Thierry : tout simplement, il n’existe pas d’annuaire des SARL, des EURL, etc… (à ma connaissance, du moins !). La plupart des outils (sites et annuaires) créés l’année dernière pour promouvoir et valoriser ce statut sont aujourd’hui la cible de rapaces en tous genres 😉
    @Laurence : Oui, je sais que la plupart des indépendants sont « la cible » de plein de clients malhonnêtes… Il faut se battre, toujours refuser les tarifs dérisoires… et fédérer l’ensemble des indépendants, mais ça, c’est le + compliqué 😉

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